Journal Farandole

Restauration de la Bergerie de la Favouillane à Port-Saint-Louis-du-Rhône

PORT SAINT LOUIS DU RHÔNE -

Culture et patrimoine

“Une grande cabane couverte de roseaux, avec des piliers et supports en pierre qui sert à renfermer les bêtes à laine, en très bon état, les montants en pierre de l’entrée venant d’être refaits à neuf depuis peu”, écrivaient les chevaliers de Malte en 1784 lorsqu’ils découvrent, perdue au milieu des herbes folles, une grande bergerie à la forme singulière.

 La bergerie de la Favouillane est le dernier exemple de l’architecture vernaculaire camarguaise. Cette bergerie à contreforts, abside et couverture de sagne (roseau) du delta, est la mieux conservée depuis sa construction. Le bâtiment possède une forte valeur architecturale par son unicité, accompagnée d’une valeur symbolique et historique, mémoire d’une tradition disparue. La bergerie témoigne de l’activité pastorale en Camargue, et était occupée jusqu’en 2018. Aujourd’hui, 40 ans après la dernière grande opération de restauration, la bergerie est très dégradée : la couverture de sagne est extrêmement délabrée et a nécessité d’en interdire l’accès au dernier éleveur occupant. La charpente, battue par les pluies, a été attaquée par les insectes et les moisissures, les maçonneries et les fondations se désolidarisent sous l’effet de l’humidité et les enduits intérieurs sont attaqués.

Son plan date de l’antiquité, elle mesure plus de 50 m de long, 13 m de large et 8 m de haut. La forme et les techniques de construction sont la combinaison d’une contrainte majeure, le vent, et d’un matériau abondant, le roseau. Elle appartient au type le plus évolué des bergeries du delta. L’usage de contreforts latéraux permet de supprimer les piliers intérieurs et de libérer tout l’espace interne.

En 1831, la Favouillane est achetée par le Baron Pierre de Berthezène et rattachée au domaine du Radeau. La grande bergerie actuelle, pouvant abriter 1000 bêtes, est construite au sud-est du mas entre 1851 et 1891. C’est en 1972 que le grand port maritime de Marseille, autrefois port autonome de Marseille, en fait l’acquisition. Les droits des domaines agricoles, quant à eux, lui reviennent en 1979 et le GPMM finance les derniers grands travaux de rénovation en 1981. Mais, sans co-financeurs pour un réel plan de sauvetage, il refuse, durant les années suivantes, son inscription à l’inventaire des Monuments Historiques.

C’est un changement de direction qui a récemment amené le GPMM à rechercher des mécènes pour l’accompagner dans ses projets de sauvegarde, et, c’est tout naturellement que la mission Stéphane Bern – Fondation du Patrimoine est sollicitée. Bien heureusement d’ailleurs ! La Bergerie de la Favouillane est l’un des 6 projets de maillage sélectionnés en 2020 par la Mission Bern dans la Région Sud Provence-Alpes-Côtes d’Azur. Financé notamment grâce à l’offre de jeux Mission Patrimoine de la FDJ qui vient de récolter 188 000 €, ce mécénat viendra, aux côtés des acteurs locaux du patrimoine, du Parc de Camargue à la Maison de la Transhumance, en appui des coûts afférents au propriétaire, ainsi que des aides des collectivités territoriales. Soit au total, un budget de 1 400 000 €.

Le terrain en question se situe en effet sur ce que le port nomme sa « couronne agro-environnementale », une croisée des chemins entre le centre névralgique du port industriel et son environnement. Elle bénéficie d’ailleurs de son Plan de Gestion des Espaces Naturels qui vise à maintenir la restauration ou la préservation de la typicité des paysages ainsi que celles de la faune, de la flore et des habitats.

La valorisation de la bergerie de la Favouillane passe par la préservation de l’activité agricole originelle, l’élevage ovin. Elle intègre un volet de découverte à destination du public et des scolaires.

L’année 2021 marquera donc le lancement de la première phase de travaux d’un montant estimé de 400 000 €, pour le renouvellement du toit en sagne et la réfection de la charpente.

Suivront le remplacement des menuiseries, la restauration du mur pignon, des contreforts et des murets et le renforcement des fondations.

Une dynamique qui s’inscrit collectivement et en parallèle à la demande d’inscription à l’inventaire des Monuments Historiques, source de potentielles subventions complémentaires.

 

 

Ils font vivre le territoire