La Fondation Vincent van Gogh se définit depuis son ouverture en 2014 comme un lieu ouvert à la pratique d’artistes contemporains. Pour cette nouvelle exposition « Mon cher…Urs Fischer », elle devient le lieu d’un seul artiste dont le parcours s’inscrit dès l’entrée de la Fondation pour se terminer dans les salles plus intimes du deuxième étage.
Mon cher…Urs Fischer.
C’est avec des mots similaires, « Mon cher Théo » que Vincent van Gogh débutait les lettres envoyées à son frère. Le titre de cette exposition est une référence directe à l’artiste hollandais. La Fondation Vincent van Gogh écrit en cet automne 2016, une nouvelle page de son histoire artistique. Pendant quatre mois, elle confie ses murs à l’artiste suisse Urs Fischer en lui donnant carte blanche pour investir la totalité de son espace.
Cette exposition offre un panorama complet des productions de l’artiste depuis 2013, de la sculpture monumentale de plus de 7 mètres « last supper » dans la cour de la Fondation, qui incite au doute quant au matériau utilisé, de l’argile ou du bronze, à des œuvres plus intimes comme ses papiers peints étonnants, ses miniatures ou les photos encerclées de couches de peinture colorée agrandies à outrance mettant en scène ses yeux ou ses oreilles « Barium, Cerium et Iodine ».
Les œuvres d’Urs Fischer, artiste suisse né à Zurich qui vit aujourd’hui dans le quartier de Brooklyn à New York, font émerger tout aussi bien la pratique classique en atelier que le recours à l’illusion. Son travail offre autre chose qu’un certain académisme, une œuvre teintée d’humour et de surprise.
En le suivant on navigue entre différents thèmes, différents matériaux, différentes techniques, dans ses créations, tout est en trompe l’œil, les formats, les matières et les univers. Urs Fischer évoque des choses qui l’interpellent et dans lesquelles chacun de nous peut y trouver un repère. Tout est dans la nouveauté, le déséquilibre comme cette chaise en suspension sur une bouteille ou ce casque en aluminium surmonté d’un escargot.
Des œuvres en trompe-l’œil
« Melodrama » vous accueille dès l’entrée, elle déborde dans l’espace. Elle se déploie sur la quasi-totalité de premier étage, enveloppant le visiteur qui chemine sous 3000 gouttes de pluie en forme de poires, des gouttes numérotées afin de les disposer dans un certain ordre, près de 30 tons de couleurs acidulées qui vous donne le tournis tant l’œil ne sait plus où se fixer. Des gouttes qui chutent sur des sculptures en bronze moulé posées au sol, des nus féminins allongés sur des méridiennes.
Sans oublier les personnages de bande dessinée qui présentent un côté ludique très coloré, les papiers peints semblables à des coups de pinceau jetés au hasard sur lesquels il rajoute des dessins très « cartoons américains » et où le mûr devient une œuvre d’art en soi, à l’instar des motifs pop’art. L’exposition Urs Fischer est une exposition joyeuse et ludique, une exposition qui vise non pas à choquer mais à surprendre. Accessible à tous car « l’art contemporain est l’art de créer et pas seulement d’admirer ce qui a été réalisé dans un passé proche ou lointain. Une exposition qui ouvre un dialogue entre l’œuvre du maître hollandais et l’art contemporain de l’artiste suisse. A travers ses œuvres il a réussi à investir l’ensemble des espaces avec talent et relever le défi du dialogue avec l’héritage de l’artiste hollandais.
Arles est une ville qui possède un fort héritage culturel et le mélange de plusieurs générations d’artistes permet au visiteur de porter un regard différent sur les œuvres de Vincent van Gogh et les artistes contemporains. Urs Fischer est un artiste prolifique, il est d’ores et déjà invité à revenir à Arles, dans le cadre du projet de la Fondation Luma au Parc des Ateliers, pour proposer une suite à cette exposition.
Expo 1er octobre 2016 au 29 janvier 2017