Journal Farandole

Jean Prouvé : architecte des jours meilleurs

Du 20/10/2017 au 31/03/2018

ARLES - Grande Halle

Tout public Manifestation en intérieur

Culture et patrimoine

Dans le cadre de son programme associé la Fondation LUMA, en collaboration avec la galerie parisienne Patrick Seguin, a le plaisir d’annoncer l’exposition « JEAN PROUVÉ : Architecte des jours meilleurs » consacrée à l’un des architectes et designers français les plus novateurs du XXe siècle. Réunissant douze structures préfabriquées créées entre 1939 et 1969, cette exposition présente le plus grand nombre de systèmes de construction démontables de Prouvé jamais rassemblés en un même lieu, et vise à revisiter l’aspect fonctionnel de son architecture, une approche plus pertinente que jamais au vu de la crise du logement et des flux migratoires actuels.

Après une première installation de quatre bâtiments dans le Parc des Ateliers d’Arles au mois de mai dernier, l’exposition complète ouvrira le 20 octobre 2017 et se poursuivra jusqu’au printemps 2018. Le fait que ces structures soient installées à l’intérieur et à proximité immédiate de la Grande Halle – un espace d’exposition aménagé dans une fonderie du XIXe siècle – est un hommage approprié à Prouvé, qui avait fait ses débuts dans la ferronnerie d’art.

Considéré aujourd’hui comme l’une des personnalités les plus marquantes du design au XXe siècle, Jean Prouvé (1901-1984) abordait de la même manière la construction d’un meuble et celle d’un immeuble. Pour décrire cet équilibre entre authenticité des matériaux, construction innovante et peu coûteuse et design minimaliste, Le Corbusier qualifiait Prouvé de constructeur. Recouvrant à la fois les fonctions d’architecte et d’ingénieur, le terme traduit bien la singularité de l’approche élégante de Prouvé ainsi que sa profonde motivation sociale qui l’a amené à proposer des « solutions brillantes » aux besoins les plus urgents de son époque. Bien que Prouvé soit aujourd’hui étroitement associé aux ossatures en tôle d’acier plié de son mobilier désormais emblématique, ses contributions à l’architecture moderne et sa pratique socialement engagée en tant que constructeur – touchant à la fois à l’industrie, à l’architecture, à l’ingénierie et au design – méritent bien plus d’attention que celle qu’on leur a accordée jusqu’ici.

La conscience sociale de Prouvé dans son activité de designer s’est forgée dès sa jeunesse. Elle est étroitement liée à la manière dont il concevait et produisait ses pièces d’artisanat d’art. Par la suite, au cours des cinq décennies de sa carrière, il a toujours privilégié la collaboration, le respect de l’authenticité des matériaux et les applications éthiques des technologies industrielles. Très vite, son utilisation expérimentale des matériaux (notamment de l’acier, et plus tard de l’aluminium) attire l’attention de Mallet-Stevens, qui lui passe plusieurs commandes. En 1929, Jean Prouvé sera, aux côtés de Pierre Jeanneret, Le Corbusier et Charlotte Perriand, l’un des fondateurs de l’Union des artistes modernes (UAM).

Possédant une conscience aiguë des changements qui affectent le paysage social et politique de son temps, Prouvé adapte son système de construction aux exigences du moment historique dans lequel il évolue. Utilisant des matériaux peu coûteux mais durables, ses bâtiments peuvent être facilement assemblés, démontés, déplacés et modifiés. A la fin des années 1930, Prouvé commence à créer des prototypes et à déposer des brevets de systèmes de construction transportables, ou « maisons démontables ».

Les différentes versions présentées dans l’exposition « JEAN PROUVÉ : Architecte des jours meilleurs » – notamment la petite série de maisons transportables que Prouvé produisit à la fin des années 1930, les baraques militaires préfabriquées en bois et acier embouti, les hébergements provisoires pour réfugiés, et son ultime prototype démontable créé pour Ferembal, une entreprise industrielle d’emballage installée près de Nancy (1948) – attestent chacune du développement et de la modification des structures conçues par Prouvé en fonction des exigences de l’époque.

Adaptant ses systèmes préfabriqués à un usage tour à tour civil ou militaire, Prouvé fut applaudi durant la Seconde Guerre mondiale pour ses conceptions audacieuses, ses techniques de construction innovantes, son utilisation de matériaux économiques mais de qualité, et pour son approche du design mêlant principes scientifiques et humanisme. Pour avoir apporté son soutien à la Résistance durant la guerre, Prouvé fut nommé maire intérimaire de Nancy en 1944, avant de recevoir en 1947 la Médaille d’or de la Reconstruction et de l’Urbanisme pour ses contributions aux efforts de reconstruction.

En cette même année 1947, Prouvé installe son atelier à Maxéville, une commune limitrophe de Nancy, et se lance dans la production de masse d’unités d’habitation préfabriquées. Souhaitant également répondre aux besoins criants qui se manifestent dans certains domaines sociaux après la guerre, il participe notamment à l’amélioration des logements, des écoles et d’autres infrastructures nationales. C’est sans doute la sobre harmonie et le noyau structurel de la Maison des jours meilleurs (1956), que lui a commandée l’abbé Pierre, le fondateur des Compagnons d’Emmaüs, qui illustre le mieux la façon dont Prouvé s’est efforcé toute sa vie de mettre l’architecture industrialisée au service d’un besoin social.

Si l’intention de Prouvé était de produire des maisons aussi vite que Citroën produisait des voitures, la plupart de ses prototypes de bâtiments préfabriqués n’ont pas été adoptés de son vivant. Pourtant l’exposition témoigne de l’influence durable qu’ont eu les systèmes architecturaux de Prouvé sur les générations d’architectes qui l’ont suivi.

L’exposition sera accompagnée d’une publication produite par la Fondation LUMA en collaboration avec Phaidon Press. L’ouvrage contient deux essais inédits, l’un du professeur Mark Wigley, architecte, critique, théoricien et doyen émérite de la Graduate School of Architecture, Planning and Preservation de l’université Columbia ; l’autre de Philippe Trétiack, auteur et critique d’architecture vivant à Paris. On y trouve également une riche documentation historique et iconographique sur les douze constructions exposées à LUMA Arles, et sur l’œuvre de Prouvé en général.

Des activités pédagogiques à l’intention des collégiens, lycéens et étudiants seront organisées dans le cadre de l’exposition. Toutes les informations relatives à ces activités seront consultables sur notre site prochainement www.luma-arles.org.

Ils font vivre le territoire