Le musée départemental Arles antique et UPOP’Arles l’Université populaire du pays d’Arles proposent une conférence de Jean-Paul Demoule, suivie d’un débat sur le thème : » L’archéologie du temps présent – en quoi peut-elle nous renseigner sur notre propre société ? »
L’archéologie est-elle seulement cette discipline romantique qui étudie les sociétés disparues en fouillant le sol ? Et qui s’intéresserait surtout aux trésors, le tombeau de Toutankhamon en Égypte (et son éventuelle « chambre secrète »), l’armée d’argile du premier empereur de Chine, ou encore la tête attribuée à César au fond du Rhône ? En peu d’années, l’archéologie a changé de statut et est devenue la science des vestiges matériels de toutes les sociétés humaines, qu’elles soient anciennes, récentes, ou même contemporaines. Fouille du monument soviétique de l’exposition universelle de Paris en 1937 Ainsi la fouille du Louvre sous la future pyramide de verre a révélé tout un quartier de Paris du XVIe au XVIIIe siècle, avec sa vie quotidienne.
L’archéologie industrielle des XIXe et XXe siècles a fait découvrir une histoire des techniques que les archives ne suffisent pas à documenter. L’ethnoarchéologie étudie la culture matérielle des sociétés traditionnelles encore vivantes. Dans un registre plus grave, l’archéologie des charniers récents (Argentine, Rwanda, Srebrenica) permet de reconstituer (et de juger) les crimes, mais aussi d’identifier les victimes. Fouille du charnier de Srebrenica, puis l’étude systématique des poubelles de Tucson en Arizona a permis d’étudier les comportements de gaspillage de la société américaine et leurs différences suivant les classes sociales – en contradiction avec les enquêtes orales menées auprès des habitants. L’archéologie, verticale, du bâti, recherche sous les façades modernes les traces, masquées par les enduits successifs, des bâtiments plus anciens.
L’art contemporain a adopté parfois des démarches archéologiques, comme la fouille du « Déjeuner sous l’herbe », un banquet enterré en 1983 par Daniel Spoerri, ou les installations de Mark Dion au musée départemental de l’Arles antique, dans une réflexion sur le devenir de nos sociétés et ce qu’il en subsistera.
Jean-Paul Demoule est professeur émérite d’archéologie à l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne et membre honoraire de l’Institut universitaire de France. Il est spécialiste du néolithique et de l’âge du Fer, a fouillé en France et dans les Balkans et a présidé l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) de sa création en 2002 jusqu’en 2008. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages.
Gratuit, Entrée libre dans la mesure des places disponibles